Cet article amorce une série consacrée à l’analyse de la transformation à venir du secteur de l’éducation. En résumé, voici à notre avis les principaux changements auxquels nous devrions nous attendre d’ici les dix à vingt prochaines années:
- Une restructuration importante de la demande à la faveur de réseaux éducatifs ouverts et de parcours d’apprentissage moins académiques et mieux adaptés aux exigences du monde réel.
- Une série d’importantes percées technologiques qui changeront radicalement la création, l’acquisition, la distribution, l’assimilation et la validation des connaissances et des compétences dans le futur.
- La montée d’une édustrie applicative mondiale à l’origine d’une relance impressionnante de l’innovation et de la croissance dans le secteur.
- Une concurrence inédite conduisant à la mondialisation du marché de l’éducation et à la domination de réseaux éducatifs de prochaine génération.
- Le désengagement de l’État des activités liées à la prestation de services éducatifs au profit d’un rôle de régulation (qualité, certification et concurrence) et de politiques publiques garantes d’un accès équitable et d’un développement édustriel et économique national.
- Une refonte majeure du financement du secteur afin de mieux répartir les coûts, les risques et les bénéfices entre les multiples parties prenantes du secteur que sont les utilisateurs, gouvernements, contribuables, employeurs, édustriels ainsi que les différents corps de métier.
Figure 1
Six tendances qui vont révolutionner le monde de l’éducation
Bien que le caractère de ces changements puisse sembler trop radical et que l’horizon temporel puisse paraître irréaliste aux yeux de plusieurs, nous pensons au contraire que la concurrence qui s’annonce, la qualité des offres à venir, ainsi qu’une économique nettement plus attrayante pour la majorité des parties prenantes seront autant de facteurs qui militeront en faveur d’une transformation aussi rapide que radicale. C’est en tout cas la thèse du changement à venir que nous défendrons au gré des prochaines parutions. Une thèse qui, à notre avis, transcende les discours éducratiques et corporatistes actuels et donne une meilleure assise à l’ensemble des décisions et des transformations qui devront être entreprises dans les prochaines années.
(Prochaine parution: L’éduréalisme ou les sept attributs des systèmes éducatifs de prochaine génération)
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Cette analyse très fine et fouillée est extrêmement intéressante; je resterais un peu plus nuané, pour ma part, sur le rôle de régulation joué par l’Etat. Le désengagement de ce dernier, c’est indéniable (nous avons maintes preuves en établissement scolaire), l’arbitrage reste en revanche plutôt formel, voire artificiel. Sinon merci pour cette contribution réaliste et détaillée! Thierry
@Thierry. Merci pour votre commentaire. Je suis présentement en train d’articuler mon propos sur l’avenir de la gouvernance publique dans le secteur. Il me fera plaisir de revenir sur votre point à ce moment. Autant dire pour l’instant que le contexte de réglementation que j’entrevois sera fort différent de celui qu’il est présentement.
j aimerai pas faire un commentaire mais je souhaite poser des questions qui me semble nécessaire pour une bonne entrée à ce sujet !
– est ce que vraiment on a une saint volonté pour changer notre système éducatif ???
– pourquoi ne pas se situé sur les butes qu ont vise pour un système très ouvert ?.
hammouti abdelkhaleq
@Hammouti. Merci de prendre le temps de soulever ces questions. À mon avis, ce n’est pas tant la volonté de changer des acteurs actuels qui sera source de changements mais plutôt l’ensemble des pressions qui viendront des autres parties prenantes. Je m’attends à ce que la technologie, la concurrence, une refonte de la demande en provenance des clientèles du secteur et les gouvernements en cours de ressources …agissent comme les principales causes d’un changement qui sera somme toute plus important que celui que nous avons vu durant le boom des dépenses publiques et des économies nationales durant les années 60. D’ailleurs je suis justement à finaliser un texte sur la globalisation, la consolidation des économies nationales ainsi que la politique multigénérationnelle pour expliquer une bonne partie des changements à venir dans le monde de l’éducation. Peut-être que vous y trouverez la réponse que vous cherchez.
Quant à votre seconde question portant sur la notion d’un système ouvert, vous tombez à point. Je viens tout juste de publier un article portant en partie sur cette question (voir éduréalisme, partie 2/section 4). Peut-être serez vous d’accord avec moi quant au fait qu’un réseau ouvert exige plus de flexibilité quant aux ressources utilisées et qu’il ne s’agit pas simplement de fixer des buts différents. Cela dit, je ne suis pas certain de répondre à votre interrogation. Ne vous gênez pas pour y donner suite.